• Carline : Carline tirerait son nom de celui de “Charlemagne”, Carolus. certaines étymologies proposent un croisement entre Carlo pour “Charles”, pour “Charlemagne”, avec cardo pour “chardon”. Il est aussi dit que carline viendrait de carlin parce que sa tête ressemble à la figure d’Arlequin, dont l’acteur Carlin jouait le rôle avec le plus grand succès.

• Acanthe : évoque la ressemblance avec les feuilles d’acanthe, acanthe venant du latin acanthus pour “acacia”, “acanthe”. Dans la mythologie grecque, Acanthe (du grec ancien akantha, « épine ») est une nymphe. Désirée par Apollon (dieu du Soleil), qui tente de l’enlever, elle lui griffe le visage. Pour se venger, le dieu la métamorphose en une plante épineuse qui aime le soleil, et qui porte depuis son nom : l’acanthe.

Après une bonne journée de randonnée dans les hautes Pyrénées, nous arrivons au col de Bernatoire, à la frontière avec l’Espagne, pour commencer une longue descente au gîte de Saint-Nicolas de Bujaruelo. Passé la frontière, le terrain devient plus aride, et la chaleur plus lourde.
Nous ne sommes plus dans le décors alpestre de la partie française, la partie nord de la montagne avec ses pâturages garnis de bonne herbe grasse où paissent des troupeaux de vaches venus ici en transhumance. Passé la frontière donc, le terrain est devenu beaucoup plus rocailleux et sec. Par terre se délassent des carline à feuilles d’acanthe, aplaties par la chaleur ! Il y en a partout ! On se demande bien d’où elles viennent, toutes ces carlines !
Plus bas, une marmotte nous voyant bien perplexes, vient nous donner l’explication. Cela remonte à il y a très longtemps. Le temps où une myriade de petites soleils tournaient tout autour de la terre. Lassés de tourner en rond, et pris de tournis, ils prirent la décision de se fixer sur terre, à la recherche d’un bel endroit. Ils trouvèrent ainsi ce beau vallon, qui comme la partie nord du versant, possédaient alors de grands pâturages verdoyants.
Ils s’y installèrent, s’étalant à même le sol, encore tout chauds et rayonnants, fatigués comme nous par leur longue descente. Les lieux leur convenant à merveille, ils s’y fixèrent définitivement. Depuis, et à force d’y rayonner, les pentes herbeuses sont devenues des prairies rocailleuses, les prés secs ont congédié les pâturages verdoyants, les lieux devinrent arides, les feuilles des carlines très épineuses évinçant celles des petites gentianes bleues !

Si la carline à feuilles d’acanthe règne ainsi sur ces sols arides, sa présence permettait jadis au gens du coin de la cuisiner comme un artichaut, en plus amer, avant que le gros capitule de la carline ne s’ouvre. En plus, ils bénéficiaient des propriétés cicatrisantes et antiseptique de la racine, qui facilite même la digestion.
Une autre utilité pour nous marcheurs, la carline a des vertus météorologiques : Quand les fleurs sont épanouies, soleil assuré, on peut marcher ! Mais lorsqu’elles se referment, pluie annoncée, il faut rentrer !

Et si vous n’êtes pas convaincus par cette plante solaire, elle a une utilité vraiment digne d’intérêt : Fixée sur la porte des bergeries et des maisons d’habitation, la carline protège du mauvais sort ... qu’on se le dise !